(AfriSCOOP Analyse) — Le Sénégal aura décidément connu toutes les facéties constitutionnelles en Afrique francophone, depuis l’arrivée de Me Abdoulaye Wade à la présidence de cet Etat producteur d’arachide. Qu’on aime ou pas le patron du Pds (Parti démocratique sénégalais, au pouvoir), l ’on doit s’interroger sur le dernier projet de loi modifiant les règles de la présidentielle dans ce pays.
Qui de Me Wade ou des membres de la grande coalition « Sopi pour toujours » va asséner le coup de canif décisif à la loi fondamentale sénégalaise ? Une décennie en arrière, en Afrique francophone, l’on aurait voué aux gémonies tout devin politique qui aurait pronostiqué que la révision constitutionnelle deviendra un jeu d’enfant au pays de Léopold Sédar Senghor. En appelant la jeunesse africaine à prendre en main son destin lorsqu’il prêtait serment pour la première fois en 2000, le président Wade ne laissait planer aucun doute sur ses bonnes intentions. Au sujet de l’avenir de son Etat. Sur tous les plans. D’autant plus que son aura d’opposant durant de longues décennies avait fini de l’élever au rang des nombreux martyrs vivants de la démocratie, en Afrique d’expression francophone.
Comment et pourquoi le ver est rentré dans le fruit Wade ?
« A force de fréquenter le diable, on finit par lui ressembler », dit un proverbe africain. Dans la galaxie Wade, difficile d’imaginer que le père de Karim soit l’esclave intellectuel d’un quelconque entourage. C’est plutôt lui qui est aux manettes. En de pareilles circonstances et dans les démocraties naissantes en Afrique noire, personne ne prend la peine de contredire le grand maître ; de peur d’être grillé à ses yeux. Qui l’aurait cru ? Les pratiques en matière de prise de décisions peu consensuelles et impopulaires décriées par « l’International socialiste » sous des dictatures africaines sont presque érigées au rang de règles au cœur de la grande coalition « Sopi pour toujours ». Où est passé le patriotisme, l’amour pour la « Téranga », dans cette profusion de pratiques politiques peu orthodoxes ?
Rarement, les Sénégalais ont montré autant de signes de dépit face aux manœuvres et décisions politiques du parti au pouvoir qui ont le mérite d’enténébrer les efforts louables réalisés par la patrie de Cheick Anta Diop sur la voie de la démocratie, depuis le début du 21ème siècle. L’on remet un peu plus en cause la capacité des Sénégalais à réaliser un sursaut d’orgueil face aux ratées politiques qui ne grandissent pas leur terre natale, quand l’on se souvient qu’ils ont royalement célébré la fin de l’ère d’Abdou Diouf, à travers justement le « Sopi ». Un idéal politique reconduit aux affaires en 2007, même si le scrutin de cette année-là avait des défaillances en matière d’organisation.
Me Wade aime souvent donner des leçons de démocratie sur le reste du continent africain. A ce titre, son entourage gagnerait à l’aider à ne plus franchir un certain nombre de Rubicon. Dans des velléités comme dans les faits. De la dévolution dynastique du pouvoir (organisée constitutionnellement ou pas), de la fossilisation dans la gestion des affaires d’un Etat par une infime partie de la population, un clan, l’Afrique de l’ouest en a marre… Trop de toilettage tue la Constitution. L’on n’a pas forcément besoin d’être dans une quelconque Opposition pour le savoir. Quand on refuse réellement, on dit non.
Cet article est repris du site http://www.afriscoop.net/journal/sp...