En septembre 2007 sortait un nouveau jeu vidéo PC, déclinaison du type « real-time tactics », produit par la société de développement suédoise Massive Entertainment : World in Conflict, et édité par Sierra.
Red Dawn : World in Conflict
Le jeu s’inspire largement d’un prédécesseur, Ground Control, qui avait rencontré, lui aussi, l’approbation du public : le joueur contrôle des unités militaires qui lui sont attribuées directement ou sous la forme de renforts aéroportés qu’il doit acheter par le biais d’un certain nombre de points, acquis notamment par les destructions opérées sur l’adversaire. Lorsqu’une unité est détruite, le joueur regagne automatiquement les points de renfort correspondant à la valeur de l’unité perdue. L’on dispose d’unités d’infanterie, de blindés, d’hélicoptères et d’unités d’artillerie qui peuvent avoir des capacités spéciales, offensives ou défensives. Ces unités sont assez variées et apparaissent progressivement dans la campagne en solitaire, ce qui réserve un petit élément de surprise dans la découverte des moyens à sa disposition.
A l’instar d’un autre blockbuster des jeux PC, Command and Conquers : Generals, le joueur dispose dans World in Conflict d’un menu d’appui tactique qui lui permet de commander, avec un certain nombre de points (alloués au cours des missions ou grâce aux pertes, encore une fois, occasionnées à l’adversaire), des barrages d’artillerie de plus ou moins gros calibre, des frappes aériennes (de la bombe à guidage laser au napalm), et même des bombardements nucléaires tactiques, d’artillerie de marine ou des carpet bombings de B-52 par exemple. Les effets visuels de ces appuis tactiques sont particulièrement impressionnants dans le déroulement de la partie, le jeu étant déjà de toute beauté grâce à un excellent moteur graphique permettant des zooms précis.
L’intrigue de la campagne en solitaire, que l’on joue du côté américain/OTAN, part d’un hypothétique conflit entre l’URSS et les Etats-Unis en 1989, juste avant la chute historique de l’empire soviétique. Celle-ci commence par l’invasion de la côte ouest des Etats-Unis par les Soviétiques, alors que la guerre fait rage en Europe : l’Armée Rouge s’introduit dans le port de Seattle en camouflant ses troupes d’assaut dans une flotte de porte-conteneurs, appuyée par des unités aéroportées. On joue le rôle du lieutenant Parker, de l’armée américaine, et la mission du jour consiste à repousser tant bien que mal l’assaut soviétique, sous les ordres du terrible colonel Sawyer, un officier dur, impitoyable mais un chef inspirant le respect.
Malheureusement, vous ne pouvez rien faire contre la déferlante soviétique et vous vous repliez en dehors de la cité avec des troupes constituées de restes de l’armée régulière renforcés des survivants de la Garde Nationale de l’Etat de Washington, bientôt rejoints par ceux de l’Oregon qui vous aident d’ailleurs à s’emparer de la ville de Pine Valley, un peu au sud, grâce au soutien, aussi, des puissants canons du vieux cuirassé Missouri. Les Soviétiques foncent ensuite sur Fort Teller, le centre nerveux de la fameuse Initiative de Défense Stratégique (IDS, projet « Guerre des Etoiles ») qui n’est alors… que du sable.
Cependant les Américains se doivent de riposter pour empêcher les Soviétiques de mener une frappe nucléaire sur les Etats-Unis si ceux-ci découvrent l’inanité du projet américain. Finalement, malgré une défense héroïque, le colonel Sawyer est obligé d’ordonner une frappe nucléaire tactique à proximité de Fort Teller, à Cascade Falls, pour enrayer l’assaut russe. A partir de là, la campagne revient en arrière dans le temps pour s’intéresser au déclenchement de la guerre en Europe. On apprend alors que celle-ci a été précédée d’un mois d’intenses négociations malheureuses. Parker doit repousser un débarquement dans la région de Marseille, avant de mener une opération spéciale dans le nord de l’URSS pour récupérer l’équipement ultra-secret d’un bombardier B-2 abattu, avant de détruire une base de sous-marins soviétiques menaçant de frapper la côte est des Etats-Unis. Le succès de cette dernière mission n’empêche pas Parker de devoir prêter main forte à des Rangers pour éradiquer une tête de pont soviétique bâtie par les Spetsnaz dans la baie de New York, sur Ellis Island et les alentours. Mais cette opération n’était qu’une diversion pour camoufler l’invasion de la côte ouest des Etats-Unis.
On en revient alors pour les dernières missions de la campagne aux suites de la frappe nucléaire tactique. Les Chinois sont entrés en guerre aux côtés des Soviétiques et ont envahi une bonne partie de l’Asie : leur flotte se dirige vers Seattle pour renforcer la tête de pont. En définitive, les Américains lancent une contre-attaque de Cascade Falls jusqu’à Seattle, la dernière mission consistant à prendre le GQ soviétique dans la cité avant l’arrivée de la flotte chinoise, sous peine d’une autre frappe nucléaire tactique bien plus conséquente pour annihiler les Chinois.
La trame du jeu s’inspire directement d’un film de John Milius, Red Dawn (l’Aube Rouge), sorti en 1984 et qui mettait déjà en scène l’invasion des Etats-Unis par les Soviétiques cette même année. Par exemple, le camouflage des soldats russes dans les cargos et les largages massifs de troupes aéroportées dans les premières missions du jeu renvoient directement à la première scène du film et aux informations sur les opérations militaires qui apparaissent un peu plus tard dans celui-ci. Dans la seule extension parue jusqu’ici pour le jeu, Soviet Assault, qui permet de jouer en solo le camp soviétique, l’opération d’invasion de l’Allemagne puis des Etats-Unis est baptisée Red Dawn, ce qui est une référence explicite.
Dans le film, les Etats-Unis se retrouvent en fait isolés de leurs alliés européens face à un Pacte de Varsovie des plus agressifs. L’action se déroule dans la ville fictive de Calumet, au Colorado, où les troupes aéroportées soviétiques sont larguées au-dessus de la cité pour s’en emparer. Un groupe de lycéens, baptisés ensuite Wolverines du nom de l’équipe de football du lycée, parvient à s’échapper dans les montagnes environnantes et mènent une guérilla féroce contre l’envahisseur soviétique, renforcé par des Cubains. Ils sont bientôt renforcés par un lieutenant-colonel de l’US Air Force dont le F-15 a été abattu, et qui donne plus de détails sur l’invasion et le déroulement du conflit : les parachutistes russes ont été transportés dans des avions civils camouflés, des frappes nucléaires tactiques soviétiques ont détruit les villes stratégiques, des saboteurs cubains ont mis hors de combat les installations du Strategic Air Command (SAC).
L’invasion terrestre se fait à la fois par l’Alaska et le Canada et par le Mexique. Bientôt, l’aviateur est néanmoins tué quand les résistants sont pris sous le feu d’un duel entre des M-1 Abrams américains face à des T-72 soviétiques. Le groupe doit faire face ensuite à l’arrivée d’une unité de Spetsnaz chargée de les traquer. Après un premier succès, ils sont ensuite décimés par un raid d’hélicoptères Mi-24 Hind. Le film se termine sur le passage en force des survivants vers la zone libre tenue par les Américains, pendant lequel périssent les deux frères dirigeant le groupe alors que deux autres réussissent à passer.
La nouvelle de Tom Clancy, Red Storm Rising (en français, Tempête Rouge), parue en 1986, et qui met en scène un conflit en Europe entre l’URSS et les Etats-Unis, a sans doute aussi servi d’inspiration au jeu ; Larry Bond, co-auteur du roman avec Clancy, figure d’ailleurs dans l’équipe de conseillers ayant collaboré à World in Conflict. Le livre a d’ailleurs donné son nom à la société de développement de jeux informatiques de Tom Clancy, Red Storm Entertainment, qui a donné naissance à la célèbre série des Rainbow Six.
Au final, World in Conflict est un jeu qui vaut le détour et qui met en scène avec brio un scénario hypothétique de Troisième Guerre mondiale. A consommer sans modération !
Stéphane Mantoux, Historicoblog
Cet article est repris du site http://www.alliancegeostrategique.o...