Il est entendu qu’en 2011 ni l’Allemagne ni la Russie ne sont considérés comme des pestiférés au sein de l’arène mondiale, et demeurent souverains pour gérer leurs relations internationales. Pour autant leur entente sur de nombreux sujets, y compris militaires est au final une constante datant de la création d’un État moderne Russe par le Tsar Pierre le Grand. Sait-on par exemple que la guerre de Sept Ans fut en grande partie remportée par Frédéric le Grand grâce au retournement d’alliance par le Tsar Pierre III en 1762 [2] du fait de sa prussophilie ? Que Catherine II favorisa la venue d’immigrés Allemands sur le territoire Russe (futurs Allemands de la Volga plus tard déportés sous Staline) ? Alexandre III ne s’offusqua-t-il pas lors d’une revue militaire de croiser si peu d’officiers d’origine Russe en égrenant les patronymes aux consonnances germaniques ?
Le cheminement d’Angela Merkel (disposant de la particularité d’être russophone) est à ce titre significatif : de ses velléités initiales d’en remontrer à Vladimir Poutine sur des questions épineuses, la Chancelière fit acte de pragmatisme au fil de sa conduite du pouvoir, préférant assurer l’épanouissement des PME Allemandes en Russie plutôt que d’en perturber ou en risquer l’établissement. Si elle s’est récemment autorisée en septembre à temporiser tout rapprochement entre l’OTAN et la Russie, la realpolitik Allemande en politique étrangère et les lobbies industriels l’obligent à tempérer tout ressentiment ou défiance à l’égard de la partie Russe. Une obligation facilitée depuis l’arrivée au pouvoir en 2008 de Dmitri Medvedev considéré comme plus conciliant que son prédécesseur envers les occidentaux et avec lequel Angela Merkel semble particulièrement en phase.
Somme toute, il est dans une certaine logique géopolitique et historique de retrouver Allemands et Russes unis par un tel partenariat.
[1] Société dont les principaux actionnaires sont le Russe Gazprom et les Allemands BASF SE / E.ON (le Français GDF Suez et le Néerlandais Gasunie disposant de 9% des parts sociales). L’ancien chancelier Allemand Gerhard Schröder étant le responsable du comité d’actionnaires.
[2] Épisode surnommé « Miracle de la maison de Brandebourg« .
Crédit illustration : RIA Novosti
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