La dixième édition du Festival du film francophone de Kalamazoo dans l’Etat du Michigan, a pris fin le 20 mars dernier. Le long-métrage “Le voyage à Alger” du cinéaste franco-algérien, Abdelkrim Bahloul, a obtenu le Kzoo d’or, le prix qui récompense le meilleur film choisi par les festivaliers eux-mêmes. Le cinéaste était présent à Kalamazoo, aux deux projections qui ont eu lieu les 19 et 20 mars, en présence d’un public très touché par le thème, et les personnages choisis pour le mettre en scène.
“Le voyage à Alger”, nous ramène aux moments de la guerre d’indépendance en Algérie, et permet au spectateur de vivre le parcours d’une jeune femme, qui a perdu son mari au cours des hostilités entre les combattants algériens et français. Après la guerre, un des officiels français quitte l’Algérie, et offre sa maison à la jeune femme, pour qu’elle ne se retrouve pas dans la rue avec tous ses enfants. A peine, elle a aménagé dans la nouvelle maison, qu’elle reçoit la visite d’un responsable local de la ville de Saïda, qui affirme que la maison lui avait été attribuée. Ainsi commence la lutte d’une femme, pour la justice, pour la dignité, et surtout pour que ses enfants puissent vivre dans une nouvelle société, débarrassée des démons du passé.
La lutte pour la justice, conduit la veuve de guerre à Alger, accompagnée d’un de ses plus jeunes garçons, pour tenter de rencontrer le nouveau president algérien de l’époque. Bien qu’elle n’ait pas pu rencontrer le président, la jeune mère de six enfants, fut reçue par un colonel. Convaincue par sa plaidoirie, le colonel lui a promis de faire le nécessaire, pour qu’elle ne soit pas expropriée par l’autorité locale qui veut lui prendre sa nouvelle maison. Promesse faite, promesse tenue, le colonel envoie à Saïda, des hommes de main, chargés de faire entendre raison au monsieur qui cherchait à tout prix à confisquer la nouvelle demeure de cette de femme de martyr. De retour chez elle à Saïda, la veuve doit prendre une décision assez grave : elle doit choisir entre laisser les hommes des services de renseignement venus d’Alger, tuer l’autorité locale qui voulait prendre sa maison, ou leur donner l’ordre de la laisser libre. Pensant à son mari, à la manière dont il avait été tué pendant la guerre, à l’émotion qu’elle a ressentie en voyant son corps par terre, en pleine brousse, elle n’a pas pu ouvrir la bouche pour dire quoi que ce soit. Son petit-frère, qui devait aller rendre compte aux hommes qui détenaient le monsieur en prison, de sa décision, a assimilé son silence au pardon.
Abdelkrim Bahloul, nous pose à travers “Le voyage à Alger” une question essentielle : doit-on pardonner à toute personne qui nous enlève un être cher, peu importe la voie empruntée, ou de manière générale, doit-on pardonner à tous ceux qui nous ont fait du mal? Le réalisateur franco-algérien, semble opter pour le pardon, et la réconciliation, à travers l’un des plus jeunes enfants de la veuve de guerre, chargé de transmettre aux hommes de main du nouveau régime algérien, la décision de sa mère. Celle de pardonner à l’homme qui était jaloux de sa nouvelle maison.
Abdelkrim Bahloul a reçu son premier Kzoo en 2004, pour son film “Le soleil assassiné”. L’autre cinéaste africain, en compétition pour le Kzoo d’or 2011, est le Burkinabè, Abdoulaye Dao, à travers son film “Une femme pas comme les autres”.
“Le voyage à Alger” sacré Kzoo d’or 2011 est un article original de Anoumou Amekudji, publié le 03/04/2011 sur CinéAfrique.Org dans la (les) catégorie(s) Brèves & Divers, Commentaires, Critiques, Extraits de films, fespaco 2011.
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