Se dandiner devant les micros des journalistes pour s’adresser aux populations en déroulant le programme du maître. Envoyer ses enfants faire leurs études à l’extérieur, passer ses vacances en Suisse ou dans les stations les plus prisées de la planète. Ministre, c’est la transformation d’un statut social. La maison des parents embellie pour certains, une belle planque à Dakar dans un quartier huppé alors que quelques mois, on roulait dans une voiture déglinguée, le compte en banque au rouge. Hier instituteur voire professeur de collège, ingénieur ou homme d’affaires, leur engagement politique en font des élus de marque. Les populations qui les ont accompagnés, ne se gênent pas pour parler de retour sur investissement. « C’est nous qui l’avons fait nommer, il ou elle doit régler nos problèmes. » Sacré sacerdoce que ce métier de ministre de Wade ! C’est une foultitude de requêtes qui envahit le ministre et tout y passe. Du parrainage du « taneber » des jeunes filles voire de femmes du secteur, à la veillée religieuse, le bal de l’association ou l’achat de la sonorisation du quartier. Rien n’est à négliger.
Aux requêtes associatives ou corporatives se greffent les sollicitations individuelles des amis, parents et copains. Les études du fils de l’ami ou du militant de l’opposition - la bête acharnée, qui passe son temps à vous invectiver et que l’on caresse dans le sens du poil pour l’amener dans sa cohorte. Ministre de la république aussi, c’est par exemple, régler immédiatement la question du ravitaillement en eau de plusieurs villages. La pompe du forage qui tombe en panne la veille du plus grand rassemblement de la zone, des millions de F CFA à trouver parce que le comité villageois dirigé par le responsable du parti a dilapidé les recettes de la caisse et c’est au ministre de parer au plus pressé. Le ministre fera le nécessaire pour satisfaire la clientèle politique en lieu et place de bonnes décisions pour assainir la mal gestion. Dans son cabinet, l’une des oreilles les plus écoutées est celle du Sage, celui qui gère les deniers du ministère. Les marchés du ministère sont pour les hommes du parti, les amis et les cousins. Ce sont eux qui appuient le ministère, ses relais politiques, ses hommes de paille.
Ministre sous Wade, c’est un homme ou une femme devenu crésus en l’espace de quelques mois. On donne sans compter à l’image du maître qui distribue selon nos sources 100 millions de F CFA par jour. Mais certains des ministres engrangent énormément car la posture est sans assurance avec Abdoulaye Wade.
Pape Amadou FALL
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