Aminata Niane, Mamadou Bamba Ndiaye, Serigne Mbacké Ndiaye, Amadou Kane Diallo, Lamine Bâ, Alioune Diop, Pape Samba Mboup …, la liste des ministres conseillers du président Abdoulaye Wade n’est pas exhaustive. Dans le lot, on retrouve des ministres démis du gouvernement, des directeurs de société déchus, des responsables politiques rebelles avec une bonne base électorale ou des technocrates en quête de popularité. Qu’est-ce qu’un ministre conseiller au juste ? Dans la conception populaire, il renvoie à un expert dont les compétences sont mises au service de la République : une personne qui balise, scrute les bonnes idées et apporte son expertise au président de la République. Seulement, dans les couloirs du Palais, ces ministres conseillers présentent le reflet de chef d’un bon troupeau électoral. Mieux, la fonction a quitté son sens pratique pour se muer en récompense. Ils sont de nos jours nommés pour reconquérir un bastion électoral perdu ou pour récompenser les bons et loyaux services après un long compagnonnage de galère dans l’opposition, comme c’est le cas avec Pape Samba Mboup. Bref, le poste de ministre conseiller entretient aujourd’hui la clientèle politique.
Dans l’escarcelle de ce réservoir électoral, Matam (Amadou Kane Diallo) et Fatick (Mame Birame Diouf et Sitor Ndour avant qu’il n’atterrisse à la direction du Coud) réputés bastions de Macky Sall, et Thiès décrite sous contrôle de Idrissa Seck se taillent une bonne portion. Le ministre conseiller finit par embrasser trop d’attributions.
Doublure et sosie
Dans les couloirs du palais, certains ministres-conseillers au service du Président retrouvent leur ancienne attribution ministérielle. Occasionnant une doublure d’un ministre de la République. Serigne Mbacké Ndiaye joue parfois la doublure de Faustin Diatta, ministre des Sports et en sa qualité de porte-parole de la Présidence, il est le sosie de Moustapha Guirassy, ministre de la communication et porte parole du gouvernement. Mamadou Bamba Ndiaye, ministre conseiller chargé des Affaires religieuses, lui, grignote dans les attributions du ministre de l’Intérieur. Ces deux ministres conseillers excellent dans le rôle d’extincteur. Soit en aval : c’est le cas de la justification par Serigne Mb. Ndiaye de la rencontre entre l’opposant ivoirien, Alassane Dramane Ouattara et Wade. Soit en amont : exemple de la candidature de Abdou Diouf au secrétariat général de la Francophonie où il a été démenti par son chef. Le ministre conseiller déclarait : « le Sénégal n’a pas de candidat ». Le lendemain, Me Abdoulaye Wade jette en touche : « Je n’ai pas compris que des gens aient dit que je n’avais pas soutenu la candidature de notre compatriote Abdou Diouf. (…) Il faut que les gens cessent de semer la zizanie ».
A côté de ces ministres conseillers très médiatisés, d’autres, malheureusement, les femmes en particulier, à l’image de Awa Guèye Kébé -et avant elle, Innocence Ntap Ndiaye et Awa Ndiaye- servent plus d’ « hôtesses » à Me Wade lors des audiences au palais. Et d’autres se noient dans la masse des employés du palais : Mme Fatou Isidora Mara Niang, ministre conseiller à la date du 16 septembre 2010… Au juste, personne ne sait combien ils sont ces ministres conseillers. Pourtant en mai 2009, le président Wade avait limogé 14 ministres conseillers dont trois ministres d’Etat, mais 18 mois après, on frôle la vingtaine (11 ministres d’Etat auprès du président).
Boly BAH
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