C’est décidé ! L’USFP entend bien réorganiser et, surtout, professionnaliser ses relations extérieures. Les socialistes marocains le disent haut et fort : la diplomatie partisane doit d’urgence se renouveler. Les Ittihadis ont choisi d’abord de balayer devant la porte de la maison USFP. Les événements de Laâyoune, la résolution du Parlement européen, celle de l’institution législative espagnole ont visiblement donné raison à l’analyse des Usfpéistes qui réfléchissent en commission depuis des mois déjà aux relations extérieures de leur famille politique. "Les développements en interne de la question du Sahara, ce qui s’est passé à l’international mais aussi la marche populaire de Casablanca constituent un tournant que nous devons à tout prix assumer", explique Fathallah Oualalou, Premier secrétaire adjoint de l’USFP.
Réunis en journée d’études hier dimanche 12 décembre au siège r’bati de l’USFP sur le thème du projet usfpéiste de la politique étrangère, les membres de la commission des relations extérieures du parti de la Rose ont très vite dressé le constat. Dans les cénacles internationaux, la voix de la famille politique de Mehdi Ben Barka, Abderrahim Bouabid, Omar Benjelloun et Abderrahmane Youssoufi n’est plus ce qu’elle était. "Notre capital est notre projet démocratique, progressiste et moderniste. C’est à travers lui que nous pouvons défendre le dossier de notre intégrité territoriale. La proposition marocaine du plan d’autonomie procède justement de la démocratie et non pas d’une vision rétrograde. C’est cela que nous devons exposer aux autres. Mais attention, c’est en soutenant toutes les autres grandes causes que nous pouvons valablement défendre le dossier du Sahara", soutient l’ancien argentier du Maroc et spécialiste de l’Euro-Méditerranée.
Depuis les événements de Laâyoune et leurs répercussions sur le front international, ceux et celles de la gauche sont interpellés. Qu’a fait l’USFP pour convaincre ses partenaires de la gauche, sous d’autres cieux, de la justesse de sa cause, celle du Sahara ? Il faut bien l’admettre, les mécanismes changent et les figures se renouvellent. En se renouvelant, l’USFP aurait-elle payé un lourd tribut au très large réseau international socialiste et de gauche qu’elle avait su tisser au fil des décennies et des combats en faveur de la démocratie, des droits humains, des indépendances ? Quel est aujourd’hui le poids de l’Union socialiste des forces populaires au sein des instances internationales et pas seulement l’Internationale socialiste ? "Il y a de nouveaux espaces que nous devons investir en tant que diplomatie partisane. Au cours de ces 20 dernières années, le monde a changé deux fois. Une première fois avec la chute du Mur de Berlin et une seconde après la crise économique et financière mondiale et dont les répercussions continuent de se faire ressentir. A la lumière de cela, nous devons organiser nos relations avec les Nations unies, la Banque mondiale, le FMI… Nous devons être capables d’avoir une analyse critique de cette crise et nous imposer en tant qu’espace régional", soutient F. Oualalou.

"Nous et le monde"
Il y a aujourd’hui des réalités et des paramètres qui ne sauraient être occultés. "Nous et le monde" -c’est le titre de la plateforme de travail préparée par la commission des relations extérieures de l’USFP- est aussi une sorte de feuille de route. 
Feuille de route pour une diplomatie agissante car plus que jamais -et c’est peut-être là le point le plus important de l’analyse des socialistes- la diplomatie est politique. Quatre grands cercles autour desquels les relations extérieures doivent être construites, consolidées, renforcées ont été ici identifiés : le difficile voisinage avec l’Algérie et l’Espagne sur fond du dossier du Sahara ; les partenariats notamment avec l’Union européenne avec laquelle le Maroc a noué 70% de ses relations commerciales, économiques et culturelles, les solidarités principalement avec la Palestine et enfin les pays émergents et leur rôle désormais déterminant dans les nouveaux équilibres de l’ordre mondial.
Le renforcement de la mobilisation de l’USFP dans les espaces internationaux n’a eu de cesse de sonner comme une urgence, une nécessité impérieuse. "Dans les rangs de l’Internationale socialiste, il faut bien le reconnaître, des partis de gauche sont contre nous. Je pense à l’Afrique du Sud, à la Suède, à ces partis de pays anglo-saxons que nous n’arrivons pas encore à convaincre. Quant à nos relations avec l’Espagne, elles ont toujours été caractérisées par un flux et reflux. L’Espagne est aujourd’hui une référence en matière de démocratie et de développement même si des relents racistes liés aux vieux démons du colonialisme continuent d’y exister. 800.000 Marocains vivent en Espagne et 7 millions de Marocains parlent l’espagnol. Il ne faut pas non plus oublier que lors de la dernière réunion de l’Internationale socialiste, le parti de Zapatero a soutenu la thèse marocaine après ce qui s’est passé à Laâyoune", fait remarquer celui qui est maire de Rabat, capitale des gouvernements locaux africains. "La dimension africaine du Maroc doit être elle aussi fortement capitalisée d’autant que nous ne sommes plus membre de l’Union africaine", précise-t-il.
A l’USFP, on en est convaincus. La diplomatie doit désormais regarder du côté de ce que les Usfpéistes appellent "le cercle des pays émergents". Dans un nouvel ordre mondial où les Etats-Unis, première puissance, ne peuvent décider seuls, l’équilibre viendra de pays comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Turquie, le Mexique ou encore l’Argentine.
Professionnalisation, organisation, coordination, spécialisation et suivi des dossiers : l’USFP est bien résolue à réorganiser ses relations extérieures et se donner les moyens d’y parvenir. La création d’une section dédiée aux relations extérieures de l’USFP a été d’ailleurs proposée.