Trois journalistes de la chaîne de télévision NTS ont été violemment agressés alors qu’ils couvraient une manifestation du parti nationaliste kirghize Ata-Jurt, le 20 juin 2011, à Och (Sud). Cet incident révèle une nouvelle fois l’insécurité à laquelle sont exposés les reporters au Kirghizistan et le rôle trouble des forces de police vis-à-vis d’eux.
“Nous sommes scandalisés par cette nouvelle agression contre des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions au Kirghizistan. Les forces de police, qui ont failli à leur devoir d’assurer la sécurité des professionnels des médias pendant la manifestation, ont ensuite fait preuve d’une indulgence coupable envers les agresseurs, en leur fournissant des alibis et en refusant d’ouvrir une enquête. Aucun progrès n’a été fait dans les enquêtes sur les agressions commises au cours des derniers mois. Bien au contraire, l’impunité dont bénéficient les auteurs d’exactions contre les professionnels des médias se développe de manière préoccupante. Malgré les déclarations officielles et les appels de la communauté internationale, les autorités semblent incapables de garantir la sécurité des journalistes. Si rien ne change, cette situation va finir par menacer le droit à l’information dans le pays”, a déclaré Reporters sans frontières.
Présents pour couvrir une manifestation de soutien à deux députés d’Ata-Jurt, Kamtchybek Tachiev et Jyldyz Djoldocheva, les journalistes Tchinara Sydykova, Aïjan Ismaïlova et le caméraman Vladimir Bezborodov ont été pris à partie par plusieurs manifestants et agressés, en présence des forces de police. Passé à tabac, Vladimir Bezborodov se trouve encore actuellement à l’hôpital.
Malgré un communiqué de la présidence de la République appelant les forces de police à “mener une enquête efficace et objective”, une déclaration officielle de la police en date du 21 juin exempte les agresseurs de toute responsabilité et accable les journalistes avec des allégations plus que douteuses. Les victimes sont accusées d’être venues à la manifestation sans accréditation, alors que celle-ci était un événement public, ne nécessitant aucune accréditation. Selon la version de la police, les journalistes auraient proféré des injures contre les manifestants, version qui serait corroborée par “onze témoins” participant à la manifestation, et n’auraient même pas été frappés. Enfin, toujours selon la police, le neurochirurgien de l’hôpital municipal aurait détecté une “névrose” chez Vladimir Bezborodov.
“L’argumentation déployée par la police dans sa déclaration officielle est non seulement fausse mais ridicule et outrageante pour les journalistes. Nous appelons les forces de l’ordre à ouvrir une enquête sérieuse pour retrouver les agresseurs des journalistes”, a conclu l’organisation de défense de la liberté de la presse.
Cet article est repris du site https://fr.rsf.org/kirghizistan-troi...