(AfriSCOOP ) — A la mi-octobre 2010, le Sénégal a offert son hospitalité à près de 170 jeunes haïtiens pour pouvoir poursuivre leurs études supérieures en terre sénégalaise. Début décembre 2010, la terre natale de Léopold Senghor abritera une nouvelle édition du Fesman (Festival mondial des arts nègres), après plus de deux décennies de mutisme de ce Festival. Simples sursauts culturels d’orgueil du Sénégal, ou véritables signes de « renaissance de l’Afrique » ?
Le président Wade a tenu parole ; quelques mois après le séisme du 12 janvier 2010 qui a enténébré le quotidien des Haïtiens, le chef de l’exécutif sénégalais avait promis de venir au secours des Haïtiens ! Devant l’imposant désastre que venait de subir la première République noire de la planète, la plupart des chefs d’Etat d’Afrique n’auront eu que des mots de compassion. En offrant « l’abri » à 165 jeunes compatriotes de Toussaint Louverture, le président Wade a donc écrit sous un autre jour les relations bilatérales entre Haïti et l’Afrique ! Un geste pour lequel les prochaines générations d’Haïtiens lui sauront infiniment gré.
Le Sénégal d’Abdoulaye Wade qui gagne, c’est donc aussi celui-là. Capable de s’imposer non seulement en Afrique sur le plan culturel, mais aussi à l’étranger. Dans ces conditions, l’on a beau être un critique virulent du pouvoir sénégalais, difficile de ne pas s’incliner devant la hauteur d’esprit de l’ex opposant au pouvoir socialiste, en matière de culture générale qui promeut l’Afrique. Ce sera encore le cas lors du prochain Fesman. La seule évocation de ce grand rendez-vous culturel fait grincer les dents aux Sénégalais, vu l’énorme montant qui en train d’être englouti dans sa préparation. C’est aussi le prix à payer pour rayonner sur le continent africain. Car les dépenses liées à l’organisation du Fesman peuvent valablement servir à faire face une fois pour toutes aux récurrents délestages du courant électrique au Sénégal, de même que les inondations ainsi que la construction urgente d’autres infrastructures de développement...
Urgences du développement, oui mais le rayonnement aussi : c’est ce qui semble être le credo des plus hauts dirigeants de pays de la Téranga. Un choix qui devrait normalement assagir un peu mieux les comportements politiques du clan Wade qui détonnent depuis plusieurs années ! Très précisément après la tenue de la présidentielle de 2007 dont les résultats demeurent contestables. Etre donc la vitrine culturelle de l’Afrique sub-saharienne, c’est aussi s’évertuer de changer de mœurs politiques critiquables et critiquées. Sur ce point, le régime en place à Dakar a encore du chemin à faire. Allusion à la concentration d’importants leviers de prise de décision dans les mains des proches d’A. Wade, et surtout à la rupture du fil du dialogue avec la véritable opposition sénégalaise. « Beautiful », le Sénégal l’est donc ces derniers jours. Mais il devrait l’être davantage si le pouvoir du président octogénaire allie beauté de décisions politiques et culturelles.
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