Samedi dernier, avant de s’engager lui-même dans la course à sa propre succession, Blaise Compaoré effectuait une visite éclair à Conakry. Le médiateur a interpellé les autorités de la transition, la CENI et surtout les deux candidats qualifiés pour le second tour sur la responsabilité qui est la leur devant l’histoire du pays. Message reçu cinq sur cinq si l’on en croit le calme relatif qui semble régner depuis lors dans un pays qui, il n’y a pas si longtemps, menaçait de sombrer dans l’enfer des affrontements ethniques.
Espérons donc pour le médiateur que ses efforts seront récompensés à leur juste valeur avec la restauration de la démocratie et le retour de la paix sociale.
La Guinée, comme d’autres pays de la sous-région a longtemps attendu ces premières échéances vraiment démocratiques et ouvertes. Dans l’arène sont descendues des personnalités souvent dotées d’une bonne assise financière doublée d’une stature d’hommes d’Etat. Et si à cela on ajoute un appareil opérationnel et bien huilé, la présidentielle guinéenne aurait vraiment tout pour tenir ses promesses.
Malheureusement, on est encore loin du compte. Et selon le médiateur, « la Guinée a davantage besoin de sérénité aujourd’hui en dépit des écueils et des obstacles qui continuent de gripper la transition vers un retour à l’ordre constitutionnel normal ».
Il ne croit pas si bien dire, car, si dimanche prochain,le second tour a bel et bien lieu, le plus dur restera à venir. Certes les Guinéens se déplaceront pour dire qui de Cellou Dalein Diallo (UFDG) ou d’Alpha Condé (PDG) parviendra à la magistrature suprême.
Mais demeure un gros point d’interrogation à propos de la reconnaissance du verdict des urnes ; de la gestion des éventuels contentieux électoraux, bref de l’après- élection, lourd de tous les dangers dans un pays comme la Guinée, où les enjeux sont colossaux.
Arrivé bon premier après le scrutin du 27 juin avec près de 44% des suffrages exprimés, Cellou Dalein Diallo n’est pas assuré de remporter la seconde manche, car rien ne dit qu’il n’a pas déjà fait le carton plein de sorte que les quelques points restants pour s’adjuger la première place peuvent s’avérer introuvables, sauf report massif des voix de ses alliés.
Au contraire, son adversaire, Alpha Condé, qui n’a obtenu que 18% des opinions, a encore une marge de progression considérable. Sans oublier le poids, non négligeable, des abstentionnistes du tour précédent qui pourrait, un tant soit peu, rééquilibrer la balance.
En attendant le verdict des urnes, la question des déplacements de populations consécutifs aux violences des dernières semaines reste la principale pierre d’achoppement entre les deux camps.
Les partisans de l’ancien premier ministre assurent que si le gouvernement de transition joue la carte de la neutralité et assure la sécurité de tous, Cellou Dalein Diallo affrontera son adversaire. Sinon !
L’avenir du pays resterait donc dépendant des appréhensions d’un candidat à la magistrature suprême. Mais vaille que vaille, il faudra bien que ce second round ait lieu pour que la Guinée puisse enfin tourner la page de la transition.
H. Marie Ouédraogo, L’observateur Paalga
Cet article est repris du site https://www.afriscoop.net/journal/sp...