A l’indépendance du Congo en 1960, la femme était absente. Elle n’était déjà pas présente à la grande négociation lors de la Table Ronde de Bruxelles. Seuls les héros de l’indépendance et les évolués étaient présents à ce tournant capital de l’histoire congolaise. Pourquoi la femme n’y assiste-t-elle pas ?. Jusqu’en 1966, il n’y avait pas de femmes en politique à cause de l’insuffisance de leur scolarisation, des pesanteurs culturelles, et une représentation du pouvoir au masculin.
: Comparativement à la première République, on peut dire que c’est l’ouverture pour les femmes, même si elles sont instrumentalisées par le pouvoir dictatorial.
Sophie Kanza fut la première femme ministre des affaires sociales, Ekila Liyonda la première femme ministre de l’information, puis des affaires sociales, Cathérine Madimba Nzuzi fut la premièe femme gouverneure de province du Bas-Congo.-----
Aujourd’hui, on constate une présence des femmes au sein de toutes les institutions politiques, même si leur représentativité reste faible. Leur engagement en tant que chefs des partis politiques est encore balbutiant, à cause des contraintes familiales, culturelles, et des règles pas toujours très claires dans ce domaine
Sur cent partis politiques en R. D. Congo, on note environ 5 à 6 % seulement des partis dirigés par les femmes. L’encadrement politique des femmes ainsi qu’un appui leur permettraient de s’investir dans les partis politiques et de créer leurs propres partis comme leaders.
Le défi majeur reste celui de respecter les engagements pris en matière de la représentativité de la femme en mettant en application les instruments juridiques relatifs à l’intégration de la femme dans les institutions publiques, notamment l’article l’article 14 de la Constitution ainsi que l’application des lois en matière de la parité . A la suite de la Constitution, des lois sur la parité hommes-femmes ont été promulguées. Mais il n’y figurait pas clairement des dispositions qui devraient, sans équivoque, permettre la prise en compte de la représentation paritaire homme/femme. Prenons, à titre illustratif, le cas de la loi électorale.
La constitution congolaise pose en son article 14 le principe de parité homme-femme. Malheureusement, la Loi Electorale qui était censée mettre en œuvre ce principe en ce qui concerne les mandats électifs, n’a pas prévu des dispositions claires et contraignantes. En effet l’article 13 qui concerne la liste électorale, dit en son alinéa 3 ce qui suit : « Chaque liste est établie en tenant compte, s’il échet, de la représentation paritaire homme-femme et de la promotion de la personne vivant avec handicap ». De surcroit, l’alinéa 4 du même article ajoute : « toutefois, la non réalisation de la parité homme-femme au cours des prochaines échéances électorales n’est pas un motif d’irrecevabilité d’une liste ». Les conséquences de cette ambiguïté est la sous représentation des femmes dans la prise de décision.-----
Aux élections de 2006, 43 femmes sur 500 députés à l’Assemblée Nationale ; 5 femmes sur 120 Sénateurs, au gouvernement 9 femmes sur 60 Ministres et Vice-ministres ; dans les provinces 0 femmes sur 22 Gouverneurs et Vice-gouverneurs, 0 femmes sur 11 Présidents des bureaux des Assemblées provinciales.
Il faut poursuivre la campagne de sesnibilisation, à tous les niveaux, pour voter les femmes. "Oponi mama, otongi mboka" (slogan de la campagne de sensibilisation des femmes de la diaspora congolaise lors de la mission en RD Congo en 2006 signifie Votez la maman, c’est construire le pays).
Suite au constat amer de la sous représentation des femmes, moins de 10 % aux élections de 2006, les congolaises ne doivent pas dormir sur leurs lauriers en invoquant tout le temps la consécration constitutionnelle du principe de parité. Il faut poursuivre le travail de sensibilisation pour combattre les préjugés en vue d’une représentation égalitaire des femmes et des hommes dans les postes de décision.
Les congolaises, notamment les juristes, doivent poursuivre le plaidoyer pour une représentation paritaire homme-femme. Les femmes et les organisations des femmes doivent également se mobiliser pour participer comme candidates et électrices aux prochaines élections en 2011.
Le mentorat ou l’accompagnement politique personnalisé de la candidate par le politicien ou la politicienne expérimenté-e, reste une formule à privilégier pour encourager les femmes à faire le saut en politique, et à persévérer dans cette voie. Un appui financier est également important.
Albertine Tshibilondi
Cet article est repris du site https://www.ceafri.net/site/spip.php...