20 juin 2011
Dans une lettre sortie clandestinement de leur domicile, et qui a seulement ressurgi le 15 juin 2011, Mme Yuan Weijing raconte en détail le sauvage passage à tabac que son mari, le défenseur Chen Guangcheng, et elle-même, ont subit après la diffusion en ligne d’une vidéo détaillant leur condition d’assignation à résidence en février 2011. Le 11 février 2011, Front Line avait lancé un appel au sujet de ce passage à tabac, voir https://www.frontlinedefenders.org/node/14453 . Chen Guangcheng est un avocat défenseur des droits humains, autodidacte et aveugle, qui a servi une peine de quatre ans de prison pour avoir dénoncé les violations des droits humains à Linyi, dans la province de Shangdong. Chen Guangcheng a été libéré de prison le 9 septembre 2010 ; depuis, lui et sa femme sont sous le coup d’une assignation à résidence très stricte.
Avant de partir, les 18 hommes ont emporté un ordinateur, une caméra vidéo, un enregistreur vocal, des chargeurs et des lampes de poche. Yuan Weijing écrit que le 3 mars, une protection métallique a été placée devant les fenêtres de la maison. Le 8 mars, elle dit que Zhang Jian a de nouveau dirigé une troupe de 40 hommes qui a emporté à nouveau du matériel. Lorsqu’elle a demandé à Zhang Jian pourquoi il volait ce qu’il y a dans la maison, Yuan Weijing dit que Zhang Jian l’a frappé à la tête. Elle raconte que leur maison a de nouveau été prise d’assaut par 50 hommes qui ont emporté une grande partie de ce qu’il restait dans la maison, y compris la canne blanche de Chen Guangcheng et une photo de leurs enfants qui était accrochée au mur.
Depuis le 24 février 2011, la fille du couple, âgée de 5 ans, n’a pas été autorisée à sortir de la maison. Yuan Weijing écrit aussi que la mère de Chen Guangcheng est surveillée par trois hommes chaque jour, et depuis mi-mars, elle n’a pas été autorisée à sortie de la maison, même pour acheter des légumes. Elle ajoute qu’à cause de cela, leur vie quotidienne devient une lute pour survivre et que la santé de Chen Guangcheng s’est beaucoup détériorée. Yuan Weijing termine sa lettre en appelant quatre avocats renommés à entamer des procédures en leur nom. Deux des avocats mentionnés, Teng Biao et Jiang Tianyong, ont eux-même été victimes d’une disparition forcée pendant deux mois au début de l’année, et depuis leur réapparition, ils ne se sont pas réengagés publiquement, ni sur internet ni dans les médias.
Des médias, des diplomates étrangers et des collègues défenseurs des droits humains ont plusieurs fois tentés de rendre visite à Chen Guangcheng et sa famille, sans succès. Parfois, ils ont même été violentés par des voyous engagés qui entourent la maison et bloquent les entrées du village.
Cet article est repris du site https://www.protectionline.org/Chen-...