Que fera-t-on de nos 50 prochaines années, maintenant que la fête du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina est bien finie ? Si à cette question, chaque Burkinabè devrait avoir une réponse, c’est d’abord aux dirigeants actuels de ce pays d’en esquisser la vision, eux que le peuple a choisis pour présider à sa destinée. Le candidat de la majorité présidentielle, qui a remporté l’élection présidentielle de novembre 2010, compte faire du Burkina, un pays émergent. Dans quel délai cela se fera-t-il et avec quels moyens ?
Voilà les questions auxquelles les Burkinabè voudraient bien avoir des réponses détaillées. Avec le niveau de paupérisation généralisée, ils sont évidemment les plus intéressés par ce concept d’émergence. Tous rêvent d’un Burkina autosuffisant, où les richesses de ce pays sont bien réparties et où la démocratie fonctionne bien. Hélas, pour le moment, il n’y a pas beaucoup de repères qui nous permettent de croire que les choses bougent sensiblement et que l’émergence est possible. Sur le plan de la réconciliation nationale, des évènements-clés comme la Journée du pardon, auraient pu servir de catalyseur pour un nouveau contrat social. Tel n’a pas été le cas.
Au plan économique et social, le Burkina dispose depuis 2005, d’une étude prospective Burkina 2025. Et, il faut le dire, cela a été bien pensé parce que ce document permet de se projeter dans le futur et de dégager les perspectives pour le développement. A ce jour, y a-t-il un début d’opérationnalisation de cette étude ? De toute évidence, des acquis ont été enregistrés çà et là. Mais on attend toujours de voir les signes d’émergence. L’exemple des dragons d’Asie est très illustratif. Dans les années 1970, les populations y mouraient de faim et de soif. En 20 ans, ces nations ont battu tous les records sur le plan économique et social, laissant à la traîne des pays africains qui leur avaient envoyé des vivres pour lutter contre la famine.
Ces dragons d’Asie, le monde entier les a vus venir quand ils mettaient en place des politiques rigoureuses dans le domaine de l’éducation et de la santé par exemple. Au Burkina, il y a certes des lueurs d’espoir et des personnes qui travaillent honnêtement dans tous les domaines. Mais, cela suffit bien peu pour entraîner le décollage. L’un des écueils est certainement le fossé assez remarquable entre dirigeants et populations. Cela s’est traduit par le désintérêt des électeurs. Certains citoyens estimaient, lors de la dernière campagne électorale, qu’il n’était pas utile de voter parce que cela ne changerait rien à leur situation. Il faut espérer que le président réelu développera des stratégies pour que tous les Burkinabè s’approprient le concept d’émergence qui ne doit pas être un simple slogan de mode.
Pour le moment, il est difficile de croire que quelque chose va véritablement changer dans la mesure où on a affaire au même système. On se demande d’ailleurs quel était l’objectif de Blaise Compaoré pendant ses premières années à la tête de l’Etat, pour que l’émergence n’arrive que maintenant. Après donc la célébration du cinquantenaire, le défi doit être à l’action pour des soins de santé qualitatifs, l’éducation pour tous, des emplois décents pour les jeunes, une agriculture performante, la promotion de la justice sociale, etc.
SIDZABDA
Le Pays
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