1 November 2010
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11. Intelligence stratégique : Artillerie asymétrique
source : Alliance Geostrategique
Publié le 6 March 2010, dans la rubrique Intelligence stratégique..  Send this article by mail Send

Le XXIème siècle est parti pour être celui des conflits asymétriques. Partout dans le monde, des forces modernes s’opposent à de petites troupes légères dépassées sur le plan matériel mais qui ont su s’adapter en développant leurs propres approches du combat. Ces combattants ne réinventent pas tout et utilisent eux aussi des techniques utilisées par les armées conventionnelles : couper des axes logistiques, guerre de mouvement, utilisation des médias. Ces insurgés, rebelles et autres terroristes ont aussi leur propre vision de l’artillerie et de ses usages.


Illustration d'un lanceur Iron Dome.

Illustration d'un lanceur Iron Dome.

Dans les principaux conflits modernes, on trouve d’une part des forces conventionnelles lourdement équipées et d’autre part des groupes légers et mobiles qui se mélangent au sein même de la population. L’artillerie et la puissance de feu qu’elle apporte sont largement dominées par les premiers. Pour ne prendre qu’un exemple, celui de l’Afghanistan, des pièces aussi variées que les missiles Milan, les mortiers ou les autocanon Caesar sont mises en œuvre pour neutraliser des poches de résistances au sein de bâtiments et d’anfractuosités rocheuses sans approcher de ces positions fortifiées.


Les armées modernes ne relâchent pas pour autant leurs efforts en matière d’artillerie et cherchent à être toujours plus précis. Diminuer les dommages collatéraux tout en étant certain de toucher la cible toujours plus loin est devenu une priorité.


Mais les combattants asymétriques se contentent-ils de subir le feu adverse, conscients de leur propre infériorité dans le domaine de l’artillerie ? Au contraire, des armements de ce type sont d’une grande utilité pour harceler les soldats suréquipés qu’ils affrontent. La seule différence vient de la qualité de ces armes, faute de moyens, ce sont généralement de vieux mortiers et des lance-roquettes qui ne sont plus de toute première jeunesse.


En Afghanistan, les insurgés et les Talibans font un usage massif de mortiers avec des obus de calibres divers et de lance-roquettes RPG-7 (ainsi que quelques Stinger récupérés chez les Américains). Ces armes sont faciles à se procurer et surtout légères. Un groupe de combattants peut facilement se déplacer en montagne avec ces équipements. De plus, elles restent faciles à cacher dans une maison. Des armes peu précises mais qui font des dégâts évidents. En mars 2009, le caporal Nicolas Belda avait été tué pendant l’opération Diner Out par un tir de RPG-7 qui avait traversé le blindage de son VAB. En juin dernier, le brigadier Steeve Cocol était tué par une arme anti-char à l’intérieur même de la COP Hutnik. Les insurgés se servent également de l’artillerie pour maintenir la pression sur les soldats occidentaux dans leurs bases. Des attaques dont le nombre augmente.


Dans un autre style, le Hezbollah au nord et le Hamas au sud multiplient les attaques à la roquette visant Israël. Ce sont principalement des roquettes Qassam qui sont des armes déjà plus grosses que ce qui est utilisé en Afghanistan mais on retrouve les mêmes objectifs : harceler l’adversaire et infliger d’importants dégâts sans perdre sa mobilité. Depuis 2005, environ 3000 de ces engins ont ciblé Israël, sans faire plus d’une quinzaine de morts tout de même. Principale réussite de ce harcèlement : une pression psychologique sur le peuple et de fait sur les politiques qui ne décroit pas.


Protection asymétrique


La différence de moyens se manifeste peut être encore plus lorsqu’il s’agit de se défendre contre l’artillerie. Pour les combattants légers, la seule protection reste le mouvement et le placement. S’abriter dans des grottes ou au fond de zones urbaines permet d’être moins sensibles aux tirs adverses. Le meilleur bouclier pour ces combattants est la population. Cette stratégie impose aux armées conventionnelles de prendre autant de précautions que possible dans son usage du soutien pour ne pas faire de carnage au sein des civils.


En Afghanistan et en Irak, les troupes modernes ont continuellement alourdit leurs véhicules ces dernières années pour mieux résister aux IEDs et aux roquettes ennemis. Des plaques de blindage supplémentaire et des grilles permettent d”annuler ou du moins de réduire les impacts.


Les contre-mesures se multiplient. L’apparition de leurres et de lance-grenades automatiques sur les blindés et les places fortes. L’envoi de grenades, de fumigènes sont une première étape qui doit permettre de tenir l’ennemi en respect en faisant peser sur lui une nouvelle menace : celle d’une riposte.


Un tir de roquette depuis la bande de Gaza en décembre 2008.

Un tir de roquette depuis la bande de Gaza en décembre 2008.

Et l’avenir se dessine déjà avec de nouvelles technologies dans lesquelles les États-Unis et Israël sont à la pointe. Des protections qui seraient capables d’anéantir les ogives ennemis, en particulier le roquettes et les missiles. Côté israélien, le projet a été baptisé Iron Dome et l’on apprenait la semaine dernière qu’il pourrait passer à un stade opérationnel dans les semaines à venir. Quelques batteries permettraient ainsi de réduire au silence les roquettes Qassam tirées par les combattants adverses.


L’asymétrie devrait donc continuer de s’accentuer. Et comme dans les autres domaines de la guerre, une question se pose irrémédiablement : celle du coût. Si les armements utilisés par les groupes d’insurgés ou de rebelles sont peu coûteux, les moyens développés par les armées modernes, que ce soit pour augmenter la puissance de feu ou pour améliorer la défense, représentent des budgets colossaux. Pour reprendre l’exemple d’Israël, une unique batterie Iron Dome coûtera plusieurs centaines de milliers de dollars. Les roquettes Qassam se trouvent dans la région pour quelques centaines de dollars seulement, sans compter les ogives artisanales qui peuvent être bricolées.


Photos : Paffairs Sanfrancisco & Midrashah


Romain Mielcarek, Actudéfense


Cet article est repris du site https://www.alliancegeostrategique.o...

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