Oui : il y a un « s » à crise. Cette coquetterie est souvent utilisée par les universitaires pour expliquer que le thème en question est bien plus complexe et qu’il faut y réfléchir à deux fois. Nous ne sommes pas tous des universitaires mais cette mise en parenthèse nous a paru la meilleure façon d’illustrer ce thème de novembre. En effet, tout le monde parle de « l’arc de crise » (surtout en Europe de l’ouest et aux États-Unis) mais personne ne sait vraiment de quoi il s’agit.
Or, quand nous avons réfléchi au thème de novembre, nous avons constaté que « l’arc de crise » ne signifiait rien de plus qu’une « propagande simpliste resservie par les journalistes qui ne réfléchissent pas » (vlan pour l’allié Romain !). Vous me direz : c’est dans le LBDSN… Justement, est-ce suffisant ? Cela me rappelle l’appellation « Grand Moyen-Orient » inventée par les « bushistes » pour désigner l’islam dans une perspective huntingtonienne… et qui ne reposait pas sur grand chose.
Au départ, nous avions proposé le Sahel. beaucoup d’entre nous s’étant récriés (« Oh! Mais je n’ai rien à dire sur ça ! »… Comme s’il fallait avoir des choses à dire pour les exprimer… non mais sans blague), nous avions étendu à « arc de crise » en mettant un pluriel pour bien signifier que c’était questionable, comme disent les Anglais.
Bref, y a-t-il vraiment continuité entre les événements d’Afrique et du Moyen-Orient ? Y a t-il une continuité entre ce qui se passe en Afghanistan, au Yémen et en Somalie? Mais que vient faire l’Iran là-dedans ? Et le conflit israélo-arabe ? Comment ? Avec quelles connexions ? Est-ce aussi évident de dire arc de crise ou n’est-ce pas une catégorie commode qui satisfait Mr Tout-le-monde quand il lit Libération ou le Figaro mais pas le lecteur d’AGS qui veut aller derrière les choses pour vraiment comprendre ?… Ce qu’il n’obtient pas forcément avec son quotidien favori ? Pendant que nous y sommes, pourquoi s’arrêter à l’Afghanistan et ne pas continuer : le Xin Jiang, le Cachemire, le Tibet ? Ainsi que la Corée eti les revendications en mer de Chine ? Puisque nous sommes au Pacifique, restons sur la même longitude latitude et allons jusqu’au Mexique, au Vénézuéla ou en Colombie : il y a aussi des crises là-bas.
Alors, on a fait une petite recherche sur Google (sacrilège !).
Selon notre très vénéré Premier Ministre: « arc de crise allant de la zone sahélienne à l’ensemble Afghanistan-Pakistan, en passant par le Proche-Orient, le golfe arabo-persique et le golfe d’Aden ».
Doc Photo n°8027 (2002) : du Maghreb au Moyen-Orient,
« Des confins de l’Asie, en passant par la partie centrale et occidentale de ce continent, jusqu’en Afrique »,
« Croissant de terres bordant l’Océan Indien, de la Somalie à la frontière de l’Inde, de l’Afrique australe au sous-continent Indien” (arc de crise de Brzezinski, inspiré par Bernard Lewis, 1978-1980),
Iran, Irak, Syrie, conflit israélo-palestinien, Afghanistan/Pakistan pour Obama et ses conseillers,
De l’Éthiopie et de l’Égypte jusqu’à l’Inde en passant par l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak, selon une très agréable couverture du Time.
Il n’y a donc pas une définition agréée. On peut alors considérer qu’il s’agit dans chaque cas d’une crise pouvant générer un effet domino sur la stabilité régionale et produire des répercussions à l’échelle mondiale. Toutes ces crises liées formeraient alors une seule crise multi-facettes . Disons que la question est « par où peut-on désamorcer les choses ? », et surtout « pour quel résultat attendu ? »
Ainsi, le thème de novembre 2010 ne traite pas seulement des délimitations géographiques ou conceptuelles de cet arc de crises, ni même seulement de chacune des crises qui y est incorporée, il s’interroge également sur les réponses à donner à ces questions.
Bonne lecture !… En espérant que cela suscitera aussi des écrits de votre part, que nous sommes tout prêt à publier. Envoyez vos contributions (document Word/OpenOffice) à [email protected] .
O. Kempf, EGEA
Cet article est repris du site https://www.alliancegeostrategique.o...