Faisant fi à ses promesses d’opposant au régime du Président Abdou Diouf de ramener le nombre de ministres entre 20 et 21 membres, le Président Abdoulaye Wade nous a habitués bien au contraire à des gouvernements pléthoriques et instables avec pas moins de 19 remaniements et de réaménagements en 10 ans. En juin 2010, lors de la remise du Prix du chef de l’Etat pour les Sciences, le Président Abdoulaye Wade visiblement agacé par les interpellations sur la pléthore de ministres que comptait son gouvernement nouvellement remanié avait trouvé une parade pour le moins légère. « Le Ghana a 67 ministres et nous en sommes loin » avait-il répondu. Ce qui, du reste, est une contrevérité que le président est allé chercher dans son imagination. Le dernier gouvernement du Ghana, formé le 12 avril 2010, outre le vice-président et le président de la République, John Evans Atta Mills élu le 28 décembre 2008, compte 23 ministres. C’est connu, le Président n’a pas tenu promesse comme il n’en a l’habitude en dépit ses dénégations outrancières : « Je ne vous ai pas fait de promesse, que je n’ai pas tenue depuis que je suis à la tête de ce pays », disait le Président en 2007.
Un article fouillé publié par le quotidien Le Populaire en juin dernier avait fait l’inventaire des ministres sous le magistère de Wade. En 10 ans, avait révélé Le Populaire, le chef de l’Etat a travaillé au total avec 122 ministres, soit plus de ministres que l’ensemble des ministres sous les magistères du Président Abdou Diouf et du Président Leopold Sedar Senghor pris individuellement. « En effet de 1960 à 1980, le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, n’a travaillé qu’avec 78 ministres. Quant au président Abdou Diouf, en 20 ans, de 1980 à 2000, il n’a collaboré qu’avec 109 ministres et quatre Premiers ministres au terme de 20 remaniements et réaménagements. Soit une moyenne d’une retouche par an. » renseigne le populaire. Un record absolu qui pourtant ne prend pas en considération la pléthore de ministres sans portefeuille. Voilà qui en dit long sur le mode de gestion patrimonial et désinvolte et sur la mal gouvernance érigé en système de gouvernement par le président de la République, Me Abdoulaye Wade.
« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes », déclarait fort justement Barack Obama en juillet 2009 au Ghana lors de sa première visite officielle en Afrique subsaharienne avant d’ ajouter : « aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement. »
Aliou NIANE
Cet article est repris du site https://www.lagazette.sn/spip.php?ar...